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  • Photo du rédacteurOdy

SAINT ROCH, uN SAINT DESSEIN ...

Cette semaine, je m'en vais vous narrer l'histoire d'un saint. J'en ai déjà fait quelques uns, mais celui-ci, outre le fait pour vous d'en apprendre plus sur lui, me permettra de faire nombre de jeux de mots de mauvais goût.

Tout en étant respectueux, hein, il ne faudrait pas que les saints s'emballent (et voilà, ça commence ...).

Voici donc la vie et l'œuvre de Saint Roch.



LA NAISSANCE Du RoCH !

Quand Roch est né, à Montpellier, on ne se souciait pas vraiment de tenir un registre d'état civil, mais il serait né entre 1348 et 1350. D'autant qu'à l'époque, la Guerre de Cent Ans bat son plein et qu'on est pile-poil en pleine épidémie de peste noire ... C'est aussi la période où les "grandes compagnies" de mercenaires passent le temps en pillant et massacrant allègrement. Ah oui, il y a aussi les grandes famines ... Donc bon, la paperasse, hein, on s'en bas un peu la musette (non, ne cherchez pas, cette variante de l'expression n'existe pas).


Il n'est donc pas né à Roch-amadour ..........

Pourtant, Montpellier est une grande ville prospère, cosmopolite et ouverte, pas un village de torchis au fond d'un bois.


Paradoxalement, on a des infos sur ses parents. Papa, Jean Roch de La Croix était un dignitaire de la ville et en fut même le premier consul en 1363. Maman, Dame Liberia, nous venait de sa Lombardie natale.


On sait aussi que c'était un enfant désiré. Il aurait pu s'appeler comme ça, d'ailleurs, tellement les parents ont attendu que ça veuille bien marcher ! Alors quand, après avoir prié la Vierge Marie pour que, enfin, un bambin fasse son apparition au foyer, madame tomba enceinte, on s'est dit qu'il était prédestiné. Imaginez aussi la tête de Maman et Papa, très croyants, quand le petit Roch est né en portant une tache de naissance rouge en forme de croix sur la poitrine ...!


I AM ROCH !

Après une enfance plus ou moins normale pour l'époque et le contexte, il est probable qu'il ait fait ses études chez les Dominicains, un ordre relativement nouveau. Il s'oriente par la suite vers la médecine. Il faut dire, qu'avec les épidémies de peste de 1358 et 61, il a été exposé à un environnement particulièrement propice à ce genre de vocation ! Dites vous que, dans sa ville natale, en 61, durant les 3 mois où l'épidémie s'est propagée, on a compté jusqu'à 500 morts. PAR JOUR !


Attention à ne pas confondre. Ici, c'est The Rock, pas Saint-Roch

Les parents de Roch décèdent quand il est encore jeune. Je n'ai pas les infos, mais ils auraient été emportés par la peste que ça ne m'étonnerait pas. Le voilà, instruit, riche, mais sans papa ni maman, à seulement 17 ans. Il n'est pas tout seul hein, il a notamment un oncle dans le coin. Mais justement, au lieu de suivre les traces de son père et s'impliquer dans la gouvernance de la ville, il refile le bébé à son tonton. Et l'héritage, il le distribue aux pauvres avant de prendre l'habit de pèlerin et de rejoindre le Tiers-ordre franciscain avec la bénédiction, au sens propre, de l'évêque de Maguelone.


Une fois tout équipé, habit + bénédiction, il part (à pied, évidemment) pour Rome. Sur la route, il fait escale dans la ville d'Acquapendente. Nous sommes en juillet 67 et devinez ce qu'on y trouve ? Oui, bien vu : la peste ... Du coup, Roch y restera 3 mois, appliquant ce qu'il a appris à l'école de médecine et en y adjoignant un signe de croix et une invocation sur les malades. Et ça marche. Il obtient de nombreuses guérisons.


Il devient populaire parmi les malades (et ex-malades), qui deviennent les premiers fans de Roch.


Le voilà qui repart pour Rome, mais ... il apprend que dans la ville de Cesena, dans l'autre sens, c'est kif-kif. Donc, rebelote. Pour lui, c'est Dieu qui le met à l'épreuve. Il n'hésite pas à s'y rendre. Là encore, on lui attribue des guérisons miraculeuses.


J'ai entendu dire que le Martini on the Rochs avait été créé en son honneur, mais j'ai un doute ...

Enfin, début 68, il arrive à Rome ! On pense qu'il officia à l'Hôpital du Saint-Esprit où il semblerait qu'un haut-gradé de l'Eglise (peut-être un cardinal), guéri par lui ou ayant été témoin des guérisons dont il aurait été à l'origine, le remarque. Ce cardinal l'aurait alors amené devant le pape Urbain V qui, en l'apercevant, aurait déclaré :


"Toi ... Il me semble que tu viens du Paradis !" Il aurait pu s'exclamer un truc genre "que le grand Cric me Roch !", mais Tintin n'avait pas encore été inventé. Roch ne se sentit pas de le contredire et le souverain pontife de lui accorder par là même l'indulgence plénière. En fait, c'est une sorte de sauf-conduit qui fait que tous péchés, même ceux qui n'ont pas encore été commis, sont pardonnés. Plutôt cool ! Mais notre future saint n'en eut pas besoin, étant lui-même in-Roch-uptible ... Oui, c'est mauvais, et je l'assume.


En 70, juste après le festival de Woodstock, ... euh. Non, on est 600 ans avant. En 1370, donc, Roch retourne à Montpellier, mais n'y reste pas. Dès 71, le voilà de retour en Italie, à Plaisance, plus particulièrement, où il bosse à l'hôpital Notre-Dame de Bethléem. Pour y faire quoi ? Bingo ! Traiter des malades de la peste.


ROCH IS NOT DEAD !

Evidemment, ce qui devait arriver arriva : il est lui-même frappé par la maladie qu'il a passé tant de temps à combattre.


Bon ben du coup, se dit-il, je vais me trouver un petit coin sympa pour attendre de rencontrer mon créateur ...

Il se rend dans un joli petit bois, près de Sarmato et attend la faucheuse. Cependant, celle-ci est sans doute distraite par la cuisine italienne et oublie, pour un temps, notre bon Roch. On dit qu'une source jaillit alors à l'endroit choisi par Roch pour mourir et qu'un chien lui apporta chaque jour une miche de pain et lécha ses blessures.



Attention, ici, nous voyons cinq orques et pas Saint Roch

Pour la source, il est vraisemblable qu'elle était déjà là. Quant au chien-livreur, on pense qu'il aurait été envoyé par son maître, un noble du nom de Gothard Pallastrelli, qui deviendra son disciple (oui, parfois, Roch enrôle) et son biographe. On attribue également à Gothard l'unique et véritable portrait de Roch.


Ce dernier finit par l'emporter sur la maladie, ce qui en dit long sur sa résilience, parce que se remettre de la peste, tout seul au milieu d'un bois, avec seulement de l'eau fraîche et du pain, c'est pas pourri ! Il était fort comme ... un Roch ... Hum.


Aussitôt sur pied, il est de retour à Plaisance et se remet au service des malades. Ce gars-là avait sa vocation !


BONS BAISERS D'ITALIE

Pourquoi ce sous-titre ? Parce qu'il fut arrêté comme espion du Pape ! Un peu de contexte ? Eh bien, alors que Roch a repris la route, dans la région de Milan, il se trouve en zone de conflit. Celui-ci, qui dure de 1371 à 1375, oppose le Duc de Milan, Barnabé Visconti, son frère Galeazzo II au Pape Urbain V. Enfin Urbain ne va pas à la frite directement, n'est-ce pas ? Il est à la tête d'une ligue conduite par Amédée VI de Savoie.


Contrairement à ce que pouvait penser le Duc de Milan, ceci n'est PAS Saint Roch

Roch est arrêté sur la route et, comme je vous le disais, est considéré par Visconti comme un espion à la solde du Pape. Ni une, ni deux, il se retrouve en prison.


Roch était déjà connu, il aurait pu se faire identifier par son oncle (désormais gouverneur de la ville), ou un de ses collaborateurs, d'autant que sa marque de naissance en forme de croix est tout de même SON signe particulier ! Mais non. Quand il a rejoint les pèlerins, Roch a fait vœu d'anonymat. Refusant de dévoiler sa véritable identité, il demande à être relâché car il n'est qu'un humble serviteur de Dieu.


Ca ne convainc pas ses geôliers, qui le mettent purement et simplement au cachot.


LA MORT Du ROCH

Sa captivité dura 5 ans et lui sera fatale et, le 16 août 1379, à environ 30 ans, Roch meurt après avoir confessé son identité au prêtre venu la veille lui donner les derniers sacrements.


Il inhumé avec honneurs et dévotion dans la ville de Voghera, où il avait été emprisonné. 3 ans plus tard, la ville lui consacrait une fête annuelle.


100 ans après, environ, sa dépouille disparaît de l'église qui lui était consacrée. On ne sait si elle fut carrément volée ou si elle fit l'objet d'une transaction. Quoi qu'il en soit, elle fut transportée à Venise où elle se trouve toujours, sauf 2 petits os du bras qu'on n'a jamais retrouvés ...


Ah oui et aussi un tibia, qui fut donné à l'église Saint-Paul de Montpellier en 1856. Celle-ci n'existe plus et ne subsiste qu'une chapelle latérale où cette relique, ainsi que le bâton de pèlerin du saint se trouvent toujours.


Il fut officiellement canonisé par le Pape Urbain VII en 1629, bien que sa popularité se soit propagée déjà de son vivant et sa sainteté officieusement répandue peu après sa mort (un marché placé sous la protection de Saint Roch s'est tenu à Voghera en 1382).


C'est un saint très populaire et dont le culte se retrouve dans un bon paquet de pays encore aujourd'hui. Pendant l'épidémie de COVID-19, Saint Roch fut sans doute le saint le plus invoqué lors des prières. Bah oui, c'était un peu son boulot, la lutte contre les épidémies !


Billy n'aimait pas Saint-Roch. Il ne fallait pas parler de Roch à Billy ...

Il est fêté le 16 août dans bon nombre de communes en France comme à l'étranger et on ne compte plus les chapelles, monuments, fontaines et églises qui lui sont dédiés, ni les villes et villages qui l'ont érigé en saint-patron.


Il méritait bien une illustration digne de ce nom ! Celle-ci figure bon nombre de ses attributs : le bâton de pèlerin, le chapeau à large bord ou encore, le chien (le fameux qui lui apporta du pain et aida à la guérison de ses plaies !). Vous pouvez la retrouver en tête d'article et ci-dessous et vous la procurer en cliquant directement sur l'image !


Et voilà, j'espère vous avoir un peu éclairé(e)s, dans ce court article, sur la vie de ce saint-médecin, personnage attachant et dévoué.


D'ici la semaine prochaine et, dans l'attente d'un autre article, gardez, vous aussi, la Roch attitude !


Médicinalement vôtre,


Votre humble et dévoué serviteur,






- ODY







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