top of page
  • Photo du rédacteurOdy

L'HôTEL DES INvALIDES,

Après cette petite pause, me voici de retour avec un nouvel article, non pas sur un personnage ou un événement, mais, pour la première fois, sur un monument ! Et quel monument ...


uN PEu D'HISTOIRE POuR uN MONuMENT HISTORIQuE

Tout commence en ce lundi 24 février 1670. Il fait fraîchouille, le temps est couvert (sûrement hein) et l'édit royal signé par Louis XIV vient de sortir. Le royal papier ordonne la construction d'un hôpital destiné à accueillir, devinez quoi ... des invalides. Plus particulièrement, des invalides de guerre. Alors ok, c'est plutôt sympa, un chef qui se soucie de ses troupes. Mais cet élan de compassion a aussi un but politique. Pour comprendre ça, il faut revenir en 1648, à la fin de la guerre de Trente Ans. Parce que ces invalides, vétérans de ce confilt pour la plupart, ben ils sont en piteux état, ils traînent du côté du Pont Neuf, sont mêlés à des bagarres de rue, bref, ils ne donnent pas une super image de Paris et les habitants se plaignent.

Comme vous le voyez, ça zonait pas mal sur le Pont Neuf

Le roi tente de les recaser dans des abbayes comme oblats (des laïcs bossant dans des établissements religieux et vivant dans leur enceinte). Mais pour beaucoup, cette vie monacale et stricte, c'est plutôt bof et beaucoup fuient les rigueurs de cette vie et tournent mal : mendiants, voleurs ou fréquentent les tables ouvertes des maladreries ou des couvents, ce qui n'est pas top.


Bon, ok, ça ça ne marche pas, idée suivante !


Après le traité des Pyrénées, en 1659, qui formalise enfin la paix entre la France et l'Espagne, Louis a un peu de temps devant lui et s'attelle de nouveau (11 ans après la fin du conflit) à la question des invalides de guerre. Il se souvient alors ce ce que Richelieu avait fait du château de Bicêtre en 1634. En voilà une idée qu'elle était bonne ! Et si on faisait pareil ?!

Alors c'est lancé, mais il faudra par contre attendre encore 11 ans pour que cela se concrétise avec ce fameux édit de 1670 et encore 1 an et demi avant que la première pierre ne soit posée sur la plaine de Grenelle dans le quartier du Gros Caillou, alors faubourg de la ville.


C'est le secrétaire d'Etat français de la guerre, François de Louvois qui chapeaute l'entreprise. Sur les 8 projets présentés, Louis choisit celui de Libéral Bruant, architecte du roi. A partir de là, ça ne traîne plus et tous les bâtiments (sauf l'infirmerie et l'église), sont terminés en février 1674.


En octobre de la même année, l'hôpital est inauguré par le roi et accueille déjà ses premiers pensionnaires.


APRèS L'HISTOIRE, LA GéOGRAPHIE ! (ENFIN PRESQuE)


Disons plutôt l'agencement ! Parce que oui, pourquoi et quand, c'est bien, mais il faut savoir comment c'est fait aussi ...


Ca a l'air simple comme ça, mais en fait, non !

Le projet de Bruant propose quatre corps de logis et cours centrés autour d'une cour royale. Son plan est inspiré du palais monastère de Philippe II d'Espagne (l'Escurial), mais aussi des hôpitaux de son temps (la Salpêtrière, l'hospice des Incurables).


Comme je le disais ci-dessus, en seulement 3 ans, tout est presque fini. Mais, seulement 1 an plus tard, on boule la face arrière de la grande cour. Pourquoi ? Pour y établir les fondations du grand dôme.


En 1676, cette église, dont les travaux se heurtent à des difficultés, n'est toujours pas terminée et Bruant est mis sur la touche, enfin, sur d'autres projets, tandis que Jules Hardouin-Mansart reprend l'ouvrage. Mais ça n'avance pas plus, car Colbert, aux finances du royaume, impose de sacrées restrictions ! Il faudra attendre sa mort, en 83, pour que Louvois, qui le remplace, quadruple les fonds alloués (100 000 livres au départ). Et, enfin, en 1706, le grand dôme est enfin achevé !


L'HISTOIRE, LE RETOuR ...

Oui, parce que bientôt arrive un petit événement, oh rien de bien méchant, hein, juste une révolution.

Au soir du lundi 13 juillet 1789, ça commence.


A cette époque, 32 000 fusils et 27 canons sont stockés aux Invalides et ça, la foule le sait. Après plusieurs refus de la part du général Sombreuil, qui dirige la place, le peuple se masse autour du bâtiment et l'assaut est donné. Malgré l'ordre d'ouvrir le feu sur les assiégeants, les artilleurs ne tirent pas et l'armement récupéré servira à la prise de la Bastille.

La foule parisienne massée devant les portes des Invalides (photo d'époque)

Après un flottement de 2 ans durant lequel on discute du sort des Invalides, ceux-ci sont maintenus sous un nouveau statut. Ses détracteurs souhaitent en effet fermer l'établissement dans un souci d'économie, tout en augmentant la pension des 30 000 soldats invalides répartis sur le territoire. L'idée étant de les dispatcher dans les quelques 83 hospices que l'Assemblée Nationale Constituante cherche à établir. Le bâtiment en lui-même serait revendu à la Mairie de Paris afin de servir comme prison (un peu trop classe pour une prison, non ?).


Finalement, il survivra sous le titre d'hôtel national des militaires invalides. Mais il n'est plus que l'ombre de lui-même. Tous les anciens emblèmes, symboles, etc, sont burinés ou fondus. Mais, en 92, avec la guerre contre l'Autriche, on a besoin de soldats, oui, mais aussi d'un endroit où les soigner. On place alors des personnalités fortes, telles que Montigny, Dumesnil ou Berruyer à la tête de l'hôpital et on lui alloue des moyens adaptés.


L'HOMME Au BICORNE


Aux invalides, entre 1796 et 97, on trouve notamment des blessés de la campagne d'Italie et les vétérans n'ont qu'un nom à la bouche, celui de leur jeune général, Napoléon Bonaparte. Celui-ci aura toujours un lien privilégié avec cette institution. D'ailleurs, le 23 septembre 1800, pour l'anniversaire de la fondation de la République, Napoléon, alors Premier Consul y fait s'y tenir les festivités. C'est lors de cet événement que Lucien Bonaparte prononcera un discours qui viendra chatouiller les militaires présents directement dans leur fibre nationale, renforçant leur sympathie pour le futur empereur.


2 mois plus tard, lors de l'attentat à l'opéra visant Bonaparte, les Invalides adresseront alors immédiatement leur soutien au Premier Consul.


Le 14 juillet 1804, Napoléon, alors Empereur depuis le 18 mai, fait décaler l'anniversaire de la prise de la Bastille au lendemain et organise une nouvelle cérémonie qui se tiendra également aux Invalides. Ce sera la première remise de médailles de la Légion d'honneur par Napoléon en personne (la classe !) aux officiers méritants.


La première remise de la LH

Souhaitant effacer en partie les stigmates de la Révolution, l'Empereur demande à Pierre Cartellier la reconstitution de la statue équestre de Louis XIV.


Par la suite, Napoléon se rendra plusieurs fois aux Invalides, restant à l'écoute de ses soldats et compagnons d'armes. Dès 1811, l'hôtel se voit allouer un budget de 6 millions de francs de l'époque, ce qui n'est pas rien !


L'APRèS NAPO


En 1814, on rebaptise les Invalides "hôtel royal des Invalides", mais, malgré la Restauration, pour les militaires, il est difficile de dissocier feu l'Empereur de ce lieu déjà mythique. C'est sous Louis-Philippe Ier (et dernier ...), que se pose la question du retour des cendres. Victor Hugo et Alexandre Dumas font le forcing. C'est Adolphe Thiers qui aura gain de cause auprès du Roi, malgré ses réticences. En mai 1840, la demande est acceptée et le ministre de l'Intérieur réclame 1 million de francs à l'Assemblée. Ce qui sera accordé. Il faut financer le retour de la dépouille, ainsi que la construction du tombeau qui se situera, bien évidemment (et comme choisi par Napoléon lui-même) aux Invalides.


L'imposant tombeau de l'Empereur

Mais bon, ça coûte un peu plus que prévu et, quand on lui demande un deuxième million, l'Assemblée refuse. Autant dire que ça fait le buzz, comme on NE disait PAS à l'époque ! Finalement, et après quelques péripéties politiques dues à un changement de gouvernement, l'Empereur peut enfin reposer dans sa dernière demeure.


En 1871, sous la 3ème République, l'hôtel devient également un musée en plus de sa fonction d'accueil des vétérans blessés. Les Invalides deviennent musée de l'artillerie en 1872 et musée historique des armées en 96 avant de devenir musée de l'armée dès 1905. Il faut dire qu'en 96, il n'y avait plus qu'une quarantaine de pensionnaires !


Depuis 1833, Napoléon Ier veille sur la cour d'honneur des Invalides. Mais attention, si la statue originale de Charles Emile Seurre (commandée par Louis-Philippe lui-même) est bien celle que l'on peut toujours voir aujourd'hui, ce n'a pas toujours été le cas.


Du haut de ce balcon, l'Empereur vous contemple !

Sous Napoléon III, elle est remplacée par un Bonaparte en toge de César tandis que la statue de Seurre est installée à Courbevoie.

A la chute du Second Empire, elle est déboulonnée par les Parisiens suite à la rumeur qui dit que les Prussiens veulent la traîner dans les rues de la capitale ...

Lors de son retour vers les Invalides, elle est placée sur une barge sur la Seine. Mais voilà, il faut toujours qu'il y en ait un qui fasse n'importe quoi et, accident ou malveillance, voilà Napo au fond de l'eau !

La petite histoire raconte même que, lors du choc, la tête de la statue se serait séparée du reste et que celle que l'on peut voir aujourd'hui ne serait pas l'originale.

Quoi qu'il en soit, notre cher Empereur fut repêché en 1876 et remisé aux Invalides en attente de restauration.

Quelques années plus tard, en mars 1911, la statue retrouve enfin sa place !


LES PENSIONNAIRES éTERNELS


Outre l'Empereur Napoléon Ier, les Invalides accueillent les dépouilles (ou reliques) de plusieurs autres personnages ayant illustré l'Histoire.


Pour la période monarchique, puis révolutionnaire, on y trouve le maréchal de France Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, le cœur du maréchal Vauban, celui de Théophile Malo Corret de la Tour d'Auvergne, le général Marceau et Rouget de Lisle, auteur bien connu de la Marseillaise.


Anecdote historique, le 15 décembre 1940, en pleine occupation et sur proposition d'Adolf Hitler (!), sur conseil de l'ambassadeur du Reich à Paris, Otto Abetz, on y transfère le cercueil de l'Aiglon, fils unique de Bonaparte, depuis Vienne.


Les frères de Napoléon Ier, Joseph et Jérôme Bonaparte y sont également inhumés (le cœur de la reine de Westphalie, épouse de ce dernier, s'y trouve également).


Le tombeau du Maréchal Foch

Parmi les personnages "modernes", ayant participé aux deux conflits mondiaux, on peut citer les maréchaux de France Foch, Liautey, Leclerc, Juin, les généraux Nivelle, Mangin, Roques et Giraud, ainsi que les amiraux Boué de Lapeyrère et Gauchet.


On trouve aussi un caveau réservé aux gouverneurs de l'hôtel des Invalides. On citera notamment l'amiral Guépratte ou le général Maud'huy.


D'autres grands noms, pêle-mêle : les maréchaux Exelmans, Pélissier, Bessières, Fayolle, les généraux Lasalle, Kléber, Sarrail, Duvivier, les amiraux Ronarc'h, Fournier, Hamelin, j'en passe et des meilleurs ! Nombre de femmes et d'hommes ayant participé à la grandeur de la France, s'ils n'y sont pas inhumés, y ont reçu un hommage national. La liste est longue, mais on peut citer Jacques Chirac, Simone Veil, l'Abbé Pierre, Jean d'Ormesson, Jacques Cousteau, etc.


LES FONCTIONS ACTuELLES


On l'a dit, les Invalides ont aussi une vocation musé-esque. On y trouve le musée des Plans-reliefs (depuis 1777) et, bien évidemment, le musée de l'Armée s'étalant sur plusieurs étages, auxquels s'ajoute (depuis 2008) un espace multimédia en sous-sol de près de 2 500m² uniquement dédié au Général de-Gaulle.


L'une des nombreuses galeries du musée de l'armée !

La description architecturale mériterait 2 articles à part entière et, honnêtement, je ne me sens pas le courage !


A défaut qu'un hommage vous soit rendu aux Invalides, vous pouvez vous-même leur rendre hommage en exposant chez vous l'illustrimage (oui, je viens de l'inventer) du grand dôme réalisée par Redpaln simplement en cliquant sur l'image en tête d'article ou ci-dessous, comme d'habitude ! Voilà, j'espère que cet article, le premier traitant d'un monument, aura su vous intéresser, même s'il y a moins de jeux de mots que d'habitude (pas évident de trouver des âneries à raconter sur ce sujet !).


Je vous dis à la prochaine fois pour un nouvel article sur, au choix, un personnage, un événement, un monument ou, pourquoi pas, sur l'Amiral Nelson !! (je l'aurai un jour, je l'aurai, comme disait l'autre).


Validement vôtre,


Votre humble et dévoué serviteur,





- ODY








bottom of page