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Richard cœur de liOn, celui qui n'aimait pas "crOiser" les sarrasins (hum ...)

Ah, Richard Cœur de Lion, on l'imagine bien, avec sa barbe grisonnante, ses sages rides au coin des yeux. Bref, la tête de Sean Connery dans le Robin des Bois de 1991 avec Kevin Costner. Dans le film, Richard vient de rentrer en Angleterre et notre bon Sean, 61 ans à l'époque, fait une apparition à la fin. Seulement, en réalité, Richard est revenu dans son royaume en 1194, à ... 37 ans seulement ! Et il mourut à 41 ans. Rien à voir avec le Sean Cœur de Lion qui donna brièvement la réplique à Kevin des Bois.


C'est pour rendre justice à ce personnage dont le nom nous est familier, mais dont l'histoire réelle est souvent méconnue, que je vais tenter, dans cet article hebdomadaire, de vous narrer son épopée !


Telle une belle plante, ah, je nais !


Oui, c'en est un, de Plantagenêt, veux-je dire. Comme votre humble serviteur, il nait un dimanche, mais la comparaison s'arrête là. En ce 8 septembre 1157, il ne doit pas faire bien beau au palais de Beaumont où vient d'accoucher Aliénor d'Aquitaine. Henri II d'Angleterre, le papa, est sans doute très heureux de sa naissance, d'autant que son ainé est mort en 56 à l'âge de 3 ans. Cependant, le petit Richard n'est pas destiné à régner.


Mais les parents ses séparent assez vite et maman, dont Richard est le chouchou, devient son héritier à la couronne d'Aquitaine (Aliénor n'ayant eu que des filles, au nombre de deux, avec son premier époux, Louis VII de France).


En 68, en plein milieu des manifestations étudiantes, ... euh. Non, attendez. Je me trompe de millénaire ... En 1168 en fait, seulement 800 ans avant, Ricky est fiancé (oui, Ricky. Vous le savez, j'aime bien affubler les personnages historiques que je dépeins de petits surnoms affectueux) à Adèle de France, fille de Louis VII. Alors non, celle-ci n'est pas sa demi-soeur ! Parce qu'entretemps, Louis s'est remarié avec Constance ! Quand on voit les scandales que les premiers divorces ont provoqué chez les Windsor dans les années 1980/90, on se dit qu'à l'époque, on s'embêtait moins avec ça !


Bon ben ça s'annonce plutôt bien pour Rickounet (non, c'est moche, je vais garder Ricky), malgré la séparation de ses royaux parents. Mais en fait, non. Papa, Henri II, n'est pas un mec cool. Il fait venir Adèle, la promise de son fils, en Angleterre avec dans l'optique d'attendre patiemment qu'elle soit nubile et d'en faire sa maîtresse, pour retarder, voire annuler le mariage ! Oui, c'était pas des méthodes très sympa.


En 1174, Henri II renouvelle à Louis VII sa promesse de marier son fils à celle du roi de France ... Mais rien ne bouge. Sœur Anne ne voit rien venir et Richard non plus !


En 77, le pape frappe du poing sur la table et menace Henri d'excommunication, rien que ça ! Louis VII meurt en 80. La promesse sera renouvelée en 83, puis 86. Entretemps, il est dit qu'Adèle aurait donné naissance à un fils ... Evidemment, celui-ci serait d'Henri II ! Total et final, il n'honorera jamais sa promesse et mourra en 1189. Richard finit donc par récupérer sa promise, mais, devant les rumeurs, il annoncera à son potentiel beau-frère, Philippe Auguste, fils et successeur de Louis VII, qu'il renonce à l'épouser. Bah oui, imaginez le déshonneur !


Dallas avant l'heure

Sur cette image : Louis VII, Aliénor d'Aquitaine, Richard Ier et Adèle

Les affaires de famille sont loin d'être simples ! En 1170, peu après les fiançailles de Richard, donc, Henri le Jeune est couronné roi d'Angleterre. Richard, lui, hérite du comté de Poitiers et du duché d'Aquitaine. Peu de temps après, en 73, en compagnie d'Henri le Jeune et de Geoffroy II de Bretagne, ses frères, ils se rebellent contre leur père (Henri II, hein, je sais, c'est pas facile facile de s'y retrouver ...).


Mais le plan tombe à l'eau et, l'année suivante, Ricky, qui était le dernier à tenir bon (ses frères ayant déjà jeté l'éponge) renouvelle ses vœux de soumission à papounet. Il rentre alors en Aquitaine et s'occupe de faire comprendre aux nobles mécontents qui c'est le patron. A l'époque, des rumeurs de cruauté, de viols et meurtres, gravitent autour de Richard. Ces accusations sont à prendre avec des pincettes, puisqu'elles sont diffusées par les rebelles, mais bon, l'époque n'étant pas très fun, allez savoir ...


Ces rebelles font alors appel à ses frères pour les aider à détrôner Richard !


Nous sommes en 1183 et Henri II finit par s'en mêler. Il ne veut pas d'une guerre entre ses fils, même s'ils ont tout de même tenté un bon petit putsch de derrière les fagots. Tout ça se calme et les rebelles rentrent dans le rang, apaisés (après s'être pris l'armée du roi d'Angleterre en travers du museau ; ceci explique cela !). Henri II mourra la même année et Henri II conservera donc son trône jusqu'à sa mort en 89, date à laquelle Richard lui succèdera.


La crOisière s'amuse (enfin nOn, la crOisade)

L'équipage qui emmena Richard en Terre Sainte

Richard a la bougeotte. Il est presque toujours en vadrouille en France et, mieux, il vise la Terre Sainte ! Les Croisades sont en plein boum à ce moment-là et la Troisième est en préparation.


Ricky se dit qu'il irait bien y faire un tour, histoire de participer à la reprise de Jérusalem, tombée aux mains de Saladin en 1187.


Mouais, mais il n'a pas trop envie de laisser la baraque inoccupée, pensant que son ex-futur beau-frère, Philippe Auguste, le roi de France, profitera de son absence pour lui piquer sa place ! La confiance régnant entre les souverains, il se trouve que Philippe Auguste, qui a, lui aussi, des envies de croisade, pense la même chose de Richard !


Au lieu de rester sur un statu quo, nos deux rois décident de partir ensemble, bras-dessus, bras-dessous, chacun promettant à l'autre de défendre leurs territoires respectifs, le temps du voyage.


Autant dire qu'à l'époque, Richard n'est pas super apprécié chez lui. Le peuple trouve qu'il n'en fait pas assez pour l'Angleterre. Pire, il pompe l'oseille des caisses du royaume pour financer son expédition et même, augmente les taxes (et ça, ça n'a jamais fait monter la cote de popularité des dirigeants, quelle que soit l'époque ...) !


Donc, quand il part, il ne manque pas à grand monde, en fait ...


Un petit sablé et ça repart

Car c'est avec lui que Richard finit par partir en 1190. Robert de Sablé. C'est un chevalier qui sera plus tard seigneur de l'ordre Templier.


Aucun rapport avec Robert, d'ailleurs, il n'était pas non plus de Nantes, mais c'est bon les sablés

Tandis que Ricky débarque près de Naples, Philippe Auguste, qui s'est mis lui aussi en route, trace direct sur Messine.


Richard aurait dû faire pareil car, sur la route, il moleste un paysan et s'attire les foudres de tous les habitants du village et les croisés sont obligés de fuir ... Pour ceux qui connaissent, c'est un peu Sir Robin dans le Sacré Graal des Monty Python ... Pas très glorieux tout ça !


Finalement, les deux rois arrivent en Sicile en septembre de la même année. Et ils doivent y régler une crise politique sur fond d'emprisonnement de la sœur de Richard, veuve du roi précédent, de révolte du peuple de Messine, de rixes etc. Cela se conclura par le sac et l'incendie de Messine, que Richard occupera jusqu'en mars 1191. Je passe volontairement sur les détails de l'affaire qui est un sacré imbroglio.


En avril, Philippe et Richard prennent la mer, mais, après avoir essuyé des tempêtes, ils sont poussés à Chypre où 3 de leurs navires s'échouent. De plus, le prince Doukas, qui est le big boss ici, fait tout pour retarder le ravitaillement de la flotte croisée. Il était en fait dans la poche de Saladin depuis le début, mais ça, Richard ne le découvre que plus tard, ce qui le met en pétard et s'engage alors la conquête de l'île. Isaac Doukas, après s'être tout de même vaillamment défendu, se prend une inévitable tôle et est fait prisonnier. Ceux qui s'opposent à ce que Richard devienne le nouveau dirigeant de l'île sont massacrés. Il était pas super sympa en fait quand on le gonflait.


En plus, il revend l'île à son pote Robert de Sablé pour 25 000 marcs d'argent, genre l'Euro symbolique, quoi.


Finalement, parce qu'à l'origine, c'est pour ça qu'ils sont partis, les armées quittent Chypre pour Acre, en Terre Sainte ! Nous sommes déjà en juin 1191, près d'un an après leur départ.


TOut ça c'est des salades, hein ?

Acre, c'est un port en eau profonde situé sur un promontoire dans la baie d'Haïfa et donc, le point d'accostage privilégié. Seulement voilà, ça fait 2 ans que la ville est assiégée par les Francs (et ça n'avance pas) ... qui eux-mêmes sont encerclés par les troupes de Saladin (dont l'illustration est aussi dispo ici !) !


Richard qui, il faut bien l'avouer, est loin d'être un tacticien pourri, débarque et débloque la situation seulement 1 mois après son arrivée ! Mais son côté pas cool reprend le dessus et, tout ça parce que Saladin tarde à lui remettre, comme convenu, une relique de la Croix (oui, celle de Jésus), 2500 prisonniers et une coquette rançon, il fait exécuter 3000 prisonniers musulmans.


La patience est une vertu mon cher Richard ... Il est visible que la sienne a des limites très ténues ! Comme on peut facilement l'envisager, les négociations futures entre les Croisés et Saladin vont être plutôt difficiles (surtout en ce qui concerne la restitution de Jérusalem). D'autant qu'à ce moment-là, Richard est un peu l'Eisenhower de la zone de combats. Un Supreme Allied Commander en avance sur son temps. En effet, Philippe Auguste, qui trouvait que, finalement, il faisait un peu trop chaud à son goût, rentre en France et laisse le commandement de ses troupes au Duc de Bourgogne (mais sous la houlette de Richard, donc).


La conquête du littoral sud se poursuit sous un constant harcèlement par les troupes de Saladin. Mais la discipline est bonne et aucun Croisé ne se lance à la poursuite des éléments ennemis après les attaques. C'est donc une armée groupée et organisée qui s'approche de la ville d'Arsouf, le 7 septembre 91. Là, Saladin les prend en tenaille avec une armée équivalente (environ 20 000 hommes de chaque côté) et accule les Croisés dos à la mer. Ces derniers encaissent plusieurs charges de cavalerie, mais tiennent bon le rang. Richard planifie une contre-offensive dans laquelle ses flancs se déploieraient pour, à leur tour, tenter d'encercler l'ennemi.


Les Saladinettes, c'est un peu comme les Claudettes, non ?

Mais il y a toujours un Leroy Jenkins dans les armées (les gamers qui lisent ces lignes comprendront !). Ce que je veux dire c'est que, alors que l'opération est en train de s'organiser, deux chevaliers se mettent en tête de charger pour la gloire ... Aragorn fera la même chose devant les portes du Mordor, mais ce sera pour la bonne cause plutôt que pour son image personnelle ...


Résultat des courses, d'autres chevaliers, pensant que l'ordre a été donné par le QG, les suivent. Richard voit la catastrophe arriver : si d'autres se mettent à charger à droite et à gauche, par petits groupes désorganisés, on court droit dans le mur ! Il n'a plus le choix. Son plan est tombé à l'eau et deux foudres de guerre issus de ses propres troupes, se prenant pour Alexandre fondant sur Darius, sont sur le point de provoquer la défaite. Richard ordonne alors la charge totale de sa cavalerie. Sa chevauchée des Rohirrim, son Alpha Strike, son "all in", son Rolling Thunder, bref, il envoie tout ce qu'il a ! Et ça marche ! Certes, les combats seront violents et certainement plus longs que si son plan avait été mené à bien, mais la défaite des Sarrasins est affichée. L'armée ennemie est dispersée et repoussée, désorganisée.


Mais, si Saladin concède le terrain, il organise sa retraite et détruit notamment Jaffa, une place forte, avant que les Croisés puissent l'envahir et s'en servir de base avancée.


Richard conquiert néanmoins tout le littoral et prend ou reconstruit plusieurs forteresses. Mais il bute devant Jérusalem et renonce à l'assiéger. Son armée est affaiblie, contrairement à celle de Saladin, qui trouve des renforts et l'approvisionnement n'est pas non plus fameux.


Il sera de nouveau tenté à deux reprises de conquérir la ville, mais, doutant du succès de l'opération, il préférera ne pas risquer ses forces. De plus, il y a du grabuge à la maison et Richard souhaite maintenant rentrer au bercail et gérer ses propres affaires.


A l'été 92, C'est le début du repli vers la côte. Mais vous pensiez vraiment que Saladin allait le laisser partir comme ça ? Ah ben non ! Fin juillet, il fait le siège de Jaffa (qu'il avait déjà rasée, mais que Richard avait rebâtie) et prend la ville basse. La citadelle tient le coup, mais c'est tendu comme un sandow sur le toit d'une 2CV un jour de départ en vacances de juillet ! La nouvelle parvient aux nouvelles de Richard, qui rassemble une petite équipe et fait route à Bridabathu. Ah ? On me dit que ce n'est pas un nom de ville. En fait, c'est à bride abattue. Oui, c'est plus compréhensible en fait. Donc les voilà qui filent à travers la rocaille et fondent sur les troupes de Saladin.


Deux affrontements majeurs ont lieu les 1er et 5 août et, à chaque fois, le chef Sarrasin est défait. Il organise donc son repli vers Jérusalem.


Les deux souverains se rencontrent donc pour négocier la paix. Mais Saladin est malin et bien renseigné. Il sait que Richard a l'esprit ailleurs et il parvient à manœuvrer pour tourner l'arrangement à son avantage. Autant dire que Richard ne partira pas de là avec la galette du Sarrasin ...


Un classique

Les Croisés gardent Acre, dirigée par le neveu de Richard, Henri II de Champagne (oui, c'est donc du népotisme).


le 9 octobre 1192, c'est l'embarquement pour l'Europe.


MagOuilles et pOlitique

On pourrait croire que ce sera plus calme pour ce cher Ricky une fois rentré en Europe. Eh ben pas du tout. Les Croisades à côté, c'était la balade. Non, pas celle des gens heureux, j'en ai déjà parlé dans un autre article.


Philippe Auguste magouille en coulisses pour attirer les ennuis sur son rival. En automne 1192, Richard arrive près de Vienne et tombe sur le duc Léopold V de Babenberg qui le capture ! Pourquoi ? Parce que Richard l'a publiquement insulté pendant leur périple en Terre Sainte. A l'époque, c'est passé, parce qu'on était sur la zone des combats, etc, mais là, Léo, il est sur ses terres et pouf, voilà Richard en prison à Dürnstein en Autriche.


Peu de temps après, il est récupéré par Henri VI, qui est l'Empereur du Saint Empire Germanique, et enfermé au château de Trifels (qui a été partiellement restauré et qui se trouve près de la petite ville d'Annweiler en Allemagne, si le cœur vous en dit !). Enfin, quand je dis "enfermé", c'est un bien grand mot ! S'il ne peut pas voyager librement, il n'est pas non plus dans un cachot, au pain sec et à l'eau. Loin de là. C'est un otage royal ! Si on veut en tirer du pognon, il faut en prendre soin et puis, c'est un souverain, ça ne se fait pas de le laisser croupir avec le pécore moyen au fond des geôles.


Richard est comme lui : un lion en cage

Réclamer une rançon, c'est ce que fait l'Empereur : il demande pas moins de 150 000 marcs d'argent. Alors ça ne vous parle peut-être pas (à moi non plus, d'ailleurs), mais ça équivalait à 2 ans de recettes du royaume d'Angleterre ! Vlan ! Oui, ça pique.


En avril 1193, Richard est jugé devant Henri VI et la "diète impériale" (une institution chargée de gérer les différends entre états) et se prend une lourde amende. Comme si la rançon ne suffisait pas !


En février 94, Richard est libéré contre un premier versement de 100 000 marcs. Ouch. C'est maman, Aliénor d'Aquitaine, qui parvient à réunir les fonds.


Mais ce sacré Henri VI ne s'en contente pas, oh non. Il contraint Richard et donc le royaume d'Angleterre, à faire serment d'allégeance au Saint Empire et avec, en prime, l'obligation de payer un tribut de 5000 livres Sterling par an ! Pfiou, dur en affaires le Riton ...


Philippe Auguste, qui décidément ne peut pas piffer Richard, informe le frère de ce dernier, Jean Sans Terre (qui a failli prendre le pouvoir en Angleterre) que, je cite "le diable est lâché".


Fin mars, Richard arrive au port de Sandwich, dans le Kent, et fait certainement une pause en en mangeant un. Enfin, il est de retour en Angleterre. D'ailleurs, les gens sont plutôt contents de le voir.


Il entreprend par la suite de reprendre toutes les forteresses que son fieffé et fielleux frère félon (essayez de dire ça très vite) avait conquises. Le château de Nottingham est le dernier à tomber, mais l'histoire ne dit pas si Richard "shot the sheriff" ...


Ce Sheriff là, sans les Colts

J'aimerais tant revOir ma nOrmandie

Une fois que le contrôle du pays a été repris, Ricky s'embarque de nouveau pour se rendre sur le continent et remettre de l'ordre là aussi. Mi mai, il débarque à Barfleur, qui est un très joli petit port de la Manche. Après avoir profité des fruits de mer, Richard se met en route vers Verneuil-sur-Avre. Pourquoi ? Parce que ce vilain Philippe Auguste l'assiège en ce moment-même ! Sur le chemin, son fieffé et fielleux frère félon, Jean, sentant le vent tourner, se rallie à lui, à Lisieux. Philippe sait qu'il ne pourra pas faire face aux forces combinées des deux frères et lève le siège. Il ne lui reste plus que Lisieux pour pleurer.


La mission est alors pour Richard de reprendre une à une les forteresses en descendant sur la route de l'Anjou.


Anjou, feu !

Non, en fait, c'était juste pour faire un jeu de mots, il n'y a pas de feu en Anjou ... Philippe, vexé de la défection de Jean (le fieffé et fielleux frère félon), crame carrément Evreux. Il s'arrête au château de Fréteval (dans le Loir et Cher), le capture et tente la même chose sur le château de Vendôme. Ricky n'est plus du tout impressionné par son rival. Il a monté le camp à moins d'une lieue de Vendôme et envoie un message à Philippe, dont le contenu est, essentiellement : "C'est quand tu veux, je t'attends ..." Ouaip. Cette fois, Richard en a plein les chausses.


Tel un OK Corral médiéval, le duel tant attendu va bientôt avoir lieu ... Mais en fait, non.


Non, parce que, profitant de la nuit, Philippe nous la joue, à son tour, Sir Robin et détale avec son armée, le long du Loir. Seulement, désorganisé et en pleine débandade, tout ce petit monde se fait cueillir au point du jour par l'ost Anglaise.


Sir Robin, ou le courage devant l'adversité, ou presque ...

Philippe, qui était en planque dans un petit châtelet sur une île du fleuve pour soi disant se reposer, fuit avec une petite bande de soldats. Il laisse derrière lui ses sceaux royaux et tout un petit butin qui seront récupérés par Richard. Autant dire que, pour les français, c'est loin d'être la gloire et l'honneur sur ce coup-là ...


En 1196, Richard assiège le château de Gaillon, tenu par un certain Lambert Cadoc (non, pas celui de Kaamelott), mercenaire que Richard lui-même avait recruté à un moment, mais qui a tourné casaque pour se battre au côté du roi de France. Le Cadoc en question, du haut des remparts, avise Ricky sur son destrier et lui expédie un carreau d'arbalète dans le genou ("moi aussi, j'étais un aventurier avant ..."), le traverse et tue son cheval ! Richard aurait dit "ouch". Autant dire qu'à la prise du château, le Sieur Cadoc a dû passer un sacré sale quart d'heure ...


Ca arrive plus souvent qu'on le croit

Par la suite, il reprend le terrain, en assure la sécurité et fait construire moult forteresses bien bâties. A l'automne 1196, la courte trêve négociée avec Philou ne dure pas et les revoilà qui se mettent sur la tronche. Début septembre 98, il bat une première fois le français à Vernon et remet ça le 27 à Gisors. Ca sent grave le roussi pour Philippe Auguste, mais, Deus Ex Machina, le pape en personne impose une trêve à Richard, ce qui ne lui plaît guère, mais il accepte.


ParfOis, il ne faut pas se tenir à carreau

Car c'en est un qui abrègera la vie de notre bon Richard. Un carreau d'arbalète, je veux dire. Ca fait deux en pas longtemps. Nous sommes en mars 99 et il assiège le château de Châlus, appartenant au vicomte Adémar V de Limoges. On ne sait pas, encore aujourd'hui, qui a tiré le trait fatal (un peu comme lors de la mort de l'Amiral Nelson, tué par un franc-tireur français perché dans la mâture de son bâtiment. Vous avez vu ? Cette semaine je n'ai pas oublié de le placer, mon amiral préféré !). Quoi qu'il en soit, si le carreau est bien enlevé, la gangrène s'installe. 11 jours plus tard, Richard décède, à seulement 41 ans.


Il sera enterré à l'abbaye de Fontevraud. Son cœur est embaumé et placé dans un reliquaire, dans un tombeau surmonté d'un gisant. Ses entrailles sont elles placées dans l'église du château de Châlus. Cette triple inhumation était une pratique courante à l'époque pour les chevaliers et souverains Anglais.


La petite histoire dit que Philippe de Cognac, fils illégitime de Richard, l'aurait vengé en tuant Adémar. En mai 99, Jean (le fieffé et fielleux frère félon), succède à Richard sur le trône d'Angleterre et n'est donc plus "Sans Terre".


Quant à Robin des Bois et son supposé lien avec Richard, il est totalement fictif. Déjà, on ne sait pas, encore aujourd'hui, si Robin de Locksley a réellement existé et, de toute façon, sa légende est tout d'abord située sous le règne d'Edouard II (en l'an 1300 et des brouettes). Ce n'est qu'en 1521 qu'un autre auteur déplace cette histoire pour la rendre contemporaine de Richard Cœur de Lion. On ne voit clairement pas comment il aurait pu œuvrer pour le retour du roi sur le trône en étant (supposément) né 200 ans plus tard ...


Richard était un brillant tacticien et un excellent combattant, un de ces souverains téméraires, toujours en première ligne, menant par l'exemple et ne reculant devant aucun danger. C'est malheureusement sa témérité qui le mena à sa perte.


Vous avez plusieurs solutions pour commémorer la mémoire de ce grand personnage : soit acheter du camembert (oui, vous avez vu, je me suis retenu jusqu'au bout pour faire cette vanne pourrie et ultra connue), soit vous procurer un tirage signé de la magnifique illustration de Redpaln ci-dessous, ou même encore, commander l'excellent ouvrage dédié aux Templiers qu'elle a réalisé en collaboration avec l'historien médiéviste Jean-Vincent Bacquart et que vous pouvez retrouver ici. Quant à moi, je vous donne rendez-vous vendredi prochain pour un nouveau personnage (que je n'ai pas encore choisi, je l'avoue ...). Plantagenêtement vôtre,


Votre humble et dévoué,





- ODY




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