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PROSPER MERIMEE, LE COUTEAU SUISSE ... FRANCAIS

Ce qui est bien avec ce cher Prosper, c'est que chacun le connaît selon son propre point de vue. Que vous soyez intéressé(e)s par l'archéologie, la littérature, l'histoire, la politique, l'anthropologie, l'architecture, le dessin, etc, vous trouverez quelque chose à lire sur lui ! C'est un personnage peu commun du Second Empire que je vous propose de découvrir cette semaine, dans un article dans la même veine habituelle, c'est à dire complètement barré ...



IL EST 22H, PARIS S'EVEILLE


Enfin du moins, c'est notre jeune Prosper qui débarque, youpla boum, en ce mercredi 28 septembre 1803. Nous sommes à Paris, donc, au 7 carré Sainte-Geneviève, division du Panthéon, dans ce que l'on appelait alors le 12e arrondissement. Si vous voulez visiter sa maison natale ... c'est mal barré, puisqu'elle a été démolie quelques années plus tard lors du percement de la rue Clovis et des travaux entourant le Panthéon.


Papa est content. Il s'agit de Jean-François Léonor Mérimée, originaire de Broglie (non, ce n'est pas une ville italienne, mais une commune de l'Eure, bien de chez nous). Il fut professeur de dessin à Polytechnique, puis secrétaire perpétuel de l'école des Beaux-Arts. Quant à maman, Anne Louise Moreau, elle est portraitiste et professeur de dessin.


Comme on le voit, notre petit Prosper baigne tout de suite dans la culture et les arts (et aussi un peu l'oseille, parce que c'est une famille bourgeoise et aisée et que ce ne sera jamais un problème pour Prosper et c'est tant mieux ! Oui, pour lui, c'est la prospérité ...).


LES VOYAGES FORMENT LA JEUNESSE, MAIS PROSPER préfère LES AMPHIS ...


Et il n'y traîne pas pour les soirées étudiantes ! Il fait des études de droit, de philosophie et, comme petits à-côtés, apprend le grec, l'anglais, le russe ou encore l'arabe. Ah oui, et aussi le piano, parce qu'il pense qu'il n'a pas assez de boulot comme ça. Et ça, c'est pareil, c'est pas juste pour épater les copains-copines, puisqu'il obtient son certificat musical de fin d'études à ... Rome. Il y remporte d'ailleurs le premier prix international européen. Oui, voilà, juste un passe-temps, 'voyez ? Ah et puis aussi, juste comme ça, il gagne le 3e prix de chant/chorale/direction de chœur à Paris.


C'est à seulement 20 ans qu'il obtient sa licence de droit. Non, comme vous le voyez, Prosper n'a jamais redoublé, si ce n'est d'efforts !


Mais, parce qu'il faut bien lui trouver un défaut, il est d'une constitution assez fragile et est exempté de service militaire. Tant mieux, ça lui laissera plus de temps pour étudier ! Notons néanmoins qu'il sera incorporé à la Garde Nationale en 1830, mais c'était moins physique, alors ça allait.


Ici, on voit Prosper se faire aider pour des tractions. C'était pas son truc le sport ...

Comme ça se fait beaucoup dans ces années là, Prosper fréquente un salon littéraire, celui d'Etienne-Jean Delécluze, qui n'est d'autre que l'oncle d'un certain Viollet-le-Duc. C'est là que notre jeune Prosper rencontre des auteurs, des peintres ou encore des architectes et teste ses premières œuvres. Il y fera notamment la connaissance d'un jeune gars du nom de Stendhal (qui aimait bien taquiner de la chartreuse et du jambon de Parme, à ce qu'on m'a dit). C'est donc à compter de 1825 que Mérimée publie ses premiers textes, plus particulièrement des nouvelles.


PROSPER ET LES VIEILLES PIERRES


Mérimée étudie un temps la politique et en 1831, il intègre l'administration et devient secrétaire de cabinet du comte d'Argout, ministre du Commerce et de la Marine pour une courte durée, puisque, en 1834, il devient inspecteur général des Monuments historiques. Oui, c'est assez fulgurant. Mérimée senior occupait d'ailleurs le poste de secrétaire de l'institution. Prosper fait mieux que père.


Quoiqu'il en soit, le fait d'être le patron permet à Prosper de se trouver du temps pour poursuivre son œuvre littéraire pour laquelle il commençait à se faire connaître.


Il intègre également un cercle fermé de cours de cuisine où il acquiert une solide réputation pour ses plats très relevés. C'est ainsi qu'il héritera, par ses pairs, du surnom de "Prosper, le roi du plein d'épices".


Oui, il s'était même trouvé un costume pour rester incognito

C'est à ce poste qu'il rencontre Viollet-le-Duc et le charge des premières restaurations de monuments historiques. Mérimée profitera des occasions données par son poste et se rendra un peu partout en France pour des voyages d'inspection. On peut d'ailleurs trouver les comptes-rendus ce ces tournées effectuées entre 1836 et 1841.


On doit à Prosper plusieurs sauvetages et restaurations durant son mandat, qu'il conservera jusqu'en 1860. Pour lui, si un monument vaut le coup, il faut mettre tous les moyens en œuvre, quel que soit son âge. Il y'a un mot qui n'entre pas de le vocabulaire de Prosper : périmé.


RECONNAISSANCE, Démêlés AVEC LA JUSTICE et LégION D'HONNEUR !


C'est également durant son mandat aux Monuments historiques, en 1844, que Prosper est élu membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres et à l'Académie française, rien que ça.


Mais, 8 ans plus tard, avec sa véhémente prise de position envers la condamnation par contumace de son ami le comte Libri (s'étant rendu coupable de vol de manuscrits et ayant fui à l'étranger) il s'attira les foudres de la cour et se verra condamné à son tour ! Ce sera 1000 francs d'amende et une petite quinzaine de jours à l'ombre, à la Conciergerie à compter du 4 juillet 1852 ! Nul ne dit s'il intégra un gang ou reçut des tatouages badass.


Prosper recevant de la visite à la Conciergerie

Cette petite mésaventure judiciaire ne l'empêchera pas d'être sénateur en 1853 avant d'être fait dans la foulée (et à quelques semaines d'intervalle) commandeur puis grand officier de la Légion d'honneur par l'Impératrice Eugénie !


FLASHBACK !!


Il me paraît nécessaire de remettre un peu de contexte dans la relation qui existe entre l'Impératrice et notre bon Prosper. Il faut savoir que, dans les années 30 (celles de 1800), Mérimée est en Espagne et rencontre la comtesse de Montijo, qui deviendra une amie très proche avec qui il entretiendra une correspondance soutenue jusqu'à la fin de sa vie.


Que vient faire l'Impératrice dans cette histoire ? Eh bien Eugénie n'est autre que l'une des deux filles de Mme la Comtesse ! Il suivra de près (mais de loin) leur éducation.


Pas étonnant donc, que quelques années plus tard, Eugénie rende hommage à "tonton" Prosper !


Cette amitié et cette élévation donna lieu à la fameuse dictée de Mérimée, organisée à la demande de l'Impératrice afin de distraire la cour de Napoléon III. Bernard Pivot n'a rien inventé ! Pour la petite histoire, notez que l'Empereur aurait fait 75 fautes, l'Impératrice 62, Alexandre Dumas 24. L'un des invités, le prince Richard Klemens von Metternich, ambassadeur d'Autriche, quant à lui, en fit seulement 3 !


"Prosper m'a tout appris" - Bernard Pivot

LES BELLES LETTRES


S'il a touché à beaucoup de choses, Mérimée est plutôt connu pour son œuvre littéraire.


Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas me risquer ici à faire une liste exhaustive de ses travaux !


Le fait d'avoir gravité dans les domaines de l'architecture, de l'archéologie et de l'histoire lui ont permis d'agrémenter ses romans de contexte solide, le tout, agrémenté de mysticisme et de mystère. Parmi ses inspirations, citons Sir Walter Scott (Ivanhoé) ou Alexandre Pouchkine (Boris Godounov). N'oubliez pas qu'il parlait et lisait couramment le russe, donc pas de surprise si je vous dis qu'il a traduit deux œuvres de Pouchkine et 5 de Tourgueniev.


Pour tout le monde, Carmen est un opéra de Georges Bizet, mais saviez-vous qu'il s'agissait d'une adaptation de la nouvelle éponyme de Mérimée ? Non ? Ben maintenant, si.


Et ce qu'il faut aussi savoir, c'est qu'il a également publié pas mal de boulots sous des noms d'emprunt ou de manière anonyme. Ses alter ego comptent des noms chelous, comme Clara Gazul, Hyacinthe Maglanovitch ou encore, le très "Harrypotterien" Joseph Lestrange !


Il publia néanmoins sous son propre nom, notamment dans la Revue de Paris ou la Revue des deux Mondes, des œuvres qui parurent ultérieurement en volumes. Il s'agissait de nouvelles, petits romans, épisodes historiques, études littéraires ou archéologiques.


On peut aussi trouver sous forme de recueils ses voyages, contenant ses rapports d'inspection archéologiques.


Parmi les titres les plus connus de cet auteur prolixe, on peut citer les nouvelles La Vénus d'Ille, Carmen ou encore Mateo Falcone.


Le successeur de Mateo Falcon. Enfin, je crois

ET EN COULISSES ?


Ben pas grand chose. Il ne s'est jamais marié, n'a jamais eu d'enfant. Ce qui ne l'a pas empêché d'avoir quelques brèves liaisons dans sa vie, dont une avec George Sand.


On lui doit aussi moult croquis, dessins, peintures, autoportraits, ainsi que de nombreux dessins de chats !


On l'a dit au début de cet article, Mérimée était de constitution fragile et souffrait notamment d'asthme pour lequel il suivait régulièrement des cures à Cannes.


Il décédera à 67 ans, le 23 septembre 1870 dans cette ville, justement lors d'une cure et est inhumé au cimetière du Grand Jas de Cannes.


Anecdote qui l'aurait amusé : son propre tombeau est désormais inscrit au titre des Monuments Historiques depuis 2019 !


Voilà, c'était un survol rapide de l'œuvre et de la vie de touche-à-tout de Prosper Mérimée. C'était un article bien plus court que d'habitude, ce qui n'est pas un mal, de temps en temps ! Comme d'habitude, vous n'avez qu'à cliquer sur l'illustration ci-dessous (ou celle en tête d'article) pour vous en procurer un tirage !


Je vous donne rendez-vous dans une semaine pour un nouvel article.


Prospèrement vôtre,


Votre humble et dévoué serviteur,




- ODY





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